Avril 2023: Istria by UTMB 5ème/274
Initialement mon objectif “A” de cette première partie de saison était le 70km +2’200m d’Istria by UTMB en Croatie. Traînant une tendinopathie au tendon d’Achille gauche depuis 3 mois, celle-ci ne me permettait pas d’imposer un stress supérieur à 2h à mon tendon. J’ai donc décidé de changer de parcours et de m’élancer sur le 22km, qui à y regarder de plus près, ressemblait plus à un cross long qu’à un trail, vu le peu de dénivelé et les tas de boue/racines/flaques qui jonchaient allègrement le parcours (faisant suite notamment aux passages des centaines de coureurs des autres formats de course étant passés les jours précédents).
Depuis plusieurs semaines, je m’entraîne tant bien que mal en faisant des footings selon les douleurs du jour et selon l’adaptation du tendon, et en réalisant les séances d’intensité sur home trainer. Une grosse charge de travail professionnelle sur les semaines précédents la course et un moral pas vraiment à son meilleur niveau m’accompagnent sur ce début de séjour.
En arrivant en Croatie, c’est encore pire, aucune sensation et comme une impression de tomber malade. Un dernier footing de déblocage qui ressemble à une agonie, étant incapable de tenir mon allure-cible de course plus de 2mn sans devoir m’arrêter. Essouflé.
Le soir avant, en discutant avec Delphine qui prendra part à son 1er trail, je décide sérieusement, et pour la première fois de ma vie, de prendre cette course comme une sortie longue et de profiter du parcours.
Le matin du départ de la course, les sensations ne sont pas meilleures. On monte dans le bus pour se rendre sur la ligne de départ et l’ambiance monte. Je re-penses à ces dizaines d’heures sur le home-trainer, à mes séances de mobilisations, physio, masseur, renforcement, étirements, et aux douleurs même sur de simple footing, qui ont jonchées ces derniers mois…
C’est bon le fusible a sauté, je pars à l’échauffement déterminé à faire un ALL-IN, quitte à finir explosé à mi-course. Je me le dois après ces derniers mois à ronger mon frein. Je me présente sur la ligne de départ sans la moindre tension d’avant-course. Je ne pense même pas à vérifier si j’ai du poids superflu dans mon sac, moi qui partait pour une « randonnée ». Grand sourire sur la ligne de départ, un bec à ma Delph’ qui se trouve quelques mètres derrières, et c’est parti pour faire péter la fréquence cardiaque et les jambes qui n’étaient clairement plus habitué à taper de hautes intensités.
Pas grave, ça tient, je sais que j’ai le coffre, reste à savoir si le tendon et la musculature vont tenir. J’ai le 6ème index de performance UTMB au départ de la course et accroche donc le groupe de tête sur les 5 premiers km courus en moyenne à 3’40/km (16.34 km/h). Le trio de tête se détache juste avant le 1er ravitaillement du km8, j’accroche le 4ème qui me distance peu à peu au fil des kms. Au ¾ de la course mon allure baisse et je tombe dans un faux rythme. Rappel à l’ordre automatique en voyant le 4ème s’éloigner et prendre une bonne minute d’avance, pas possible que ce gars ait passé plus de temps à s’entraîner que moi sur les derniers mois, je me re-mobilise. Je pousse les quelques % qu’il me reste et ressens une gêne au quadriceps droit (compensation logique de ma blessure à gauche), ça part en contracture légère mais c’est gérable si je poursuis à cette allure. Plus habitué à ces intensités, je m’étonne à pouvoir me relancer de moi-même…
On aperçoit le village d’Umag et je pousse pour revenir dans la limite de ce que peut encaisser ma cuisse, derniers km, j’ai refais mon retard mais passe tout de même la ligne d’arrivée en 5ème position, 12 secondes derrière le 4ème, alors que les 3 premiers sont en train d’être photographié pour le podium. Aucun regret.
22km +200mD 1h27 5ème/274 – Top5, c’est dans la boîte et ça fait plaisir ! Oui ça marche aussi sans une préparation de 3 mois au millimètre. Se faire confiance et laisser son corps faire, il sait ! Quand rien ne va, continuer de pousser, ça va bien finir par tourner, bordel !
A peine passé la ligne, j’enlève le dossard et file récupérer nos sacs pour suivre Delphine dans son dernier km, elle qui pensait ne jamais réussir à courir 22km… grosse fierté pour son accomplissement !
Une bonne récupération à base de café/pizzas/visite en Istrie, à Vérone et au Tessin histoire de bien profiter de notre semaine de vacances !